NOTES
Verre à décor bachique trouvé à Vienne (Isère)
Depuis 1963 se déroulent à Vienne, sur le site de l'ancien hôpital, des fouilles archéologiques pour le dégagement du « temple de Cybèle » et des salles annexes. C'est ainsi qu'en 1964 fut découverte, dans l'égout qui traverse le temple, une coupe gravée, malheureusement brisée, mais dont il subsistait assez de morceaux pour qu'on puisse la reconstituer en partie1. Il en reste deux fragments : l'un qui reproduit la forme évasée de la coupe (hauteur : 12 cm, diamètre ': 9,5 cm), avec une base légèrement concave (fig. 1) ; l'autre appartenant à la partie supérieure de la paroi. La trouvaille n'a pas été unique ; d'autres morceaux de verres, des tessons de céramique commune ont été découverts en même temps.
La forme de la coupe est bien connue parmi les verres romains tardifs. Morin-Jean l'a classée sous le n° 1052 et Mlle Isings sous le n° 106 b, 23. Tout l'intérêt de la découverte tient au fait que la coupe porte des figures gravées, six personnages qui, en raison des cassures, sont, pour trois d'entre eux, fragmen-
(1) Cf. A. Pelletier, Nouveautés sur V histoire de Vienne: les fouilles du « temple de Cybèle», dans Cahiers d'histoire, XI, 1-1966, p. 12. Je remercie Mlle Clasina Isings, professeur à l'Archaeologisch Instituut der Rijks-Universiteit d' Utrecht, des nombreux conseils qu'elle a bien voulu me donner et qui ont permis la réalisation de cette étude.
(2) Morin-Jean, La verrerie en Gaule sous VEmpire romain, Paris, 1913, p. 140.
(3) C. Isings, Roman glass from dated finds, Gronin- gen, 1957, p. 127.
taires. Ces personnages, hauts de 8 cm, occupent la partie médiane des parois entre quatre cordons supérieurs et un cordon inférieur.
L'étude de la technique de la gravure nous permet d'apporter des précisions quant à la date. Il semble que deux techniques soient réunies sur cette coupe et aient été employées en fonction de la partie à représenter. D'une part, les vêtements, les doigts des mains, les cheveux, les yeux, les bouches, la barbe du vieillard ont été gravés au burin ou à la pointe de pierre dure. La représentation des plis des vêtements a été particulièrement soignée : l'artiste a fait alterner des bandes de traits obliques, de sens différents, réussissant ainsi à introduire des nuances claires et d'autres, ombrées, dans les plis. Tous les personnages se dégagent du fond par des contours en creux, assez fortement soulignés. D'autre part, la plus grande partie de chaque visage, les cous, les bras et les pieds, les jambes du danseur, ainsi que le décor végétal, ont été faits à la meule ou au sable, procédé qui retire au verre sa transparence.
Le style de la décoration est celui du groupe IV de M. Fremersdorf4, défini par les deux caractéristiques suivantes : passage du figuratif au linéaire, visible dans les cheveux et les yeux, représentation de la vie. L'auteur
(4) Christliche Leiwâchter auf einem geschliffenen Kb'lner Glasbecher des 4 Jahrhunderls, dans Festschrift fur Rudolf Egger, Klagenfurt, 1952, p. 66-83.
